Peu importe le lieu où l’on vit, le métier que l’on fait, les passions que l’on a, nous avons tous déjà regardé notre souris bouger frénétiquement sur Facebook, ou scroller à l’infini sur TikTok / Instagram pour…ne rien faire.
Alors pourquoi ça nous arrive ? En fait, j’ai récemment lu un livre : “The War Of Art” par Steven Pressfield. Celui-ci tente, dans son oeuvre, de mettre des mots sur ce phénomène. Pour lui cela ne se limite pas à la procrastination, mais à tout ce qui nous empêche de nous réaliser au sens large. De devenir la personne que l’on aspire à être.
Steven Pressfield personnifie ce phénomène en le nommant “Résistance”.
Alors qu’est-ce que c’est « la résistance » ?
La résistance est universelle
Tout le monde en fait l’expérience, sans exception. Vous devez vivre avec, et ce, toute votre vie. La résistance vous a déjà fait du tort par le passé et elle continuera dans le futur.
Elle est inéluctable.
Dans The War Of Art, Steven Pressfield prend la décision de personnifier ce phénomène et lui accorde beaucoup de tares et de techniques malveillantes pour nous empêcher de travailler. Voyez cela comme le némésis des muses, qui elles sont censées nous inspirer et nous donner envie de réaliser l’oeuvre de notre vie. L’idée est tout d’abord de se rendre compte à quel instant nous subissons la résistance, sinon nous ne pouvons lutter contre.
La résistance et la procrastination
La forme la plus commune de résistance est la procrastination.
Procrastiner, c’est faire autre chose que son travail, et par travail j’entends s’accomplir personnellement et professionnellement.
Et sa forme ultime est d’en prendre l’habitude, en procrastinant nous nous éloignons de notre but, de notre création de ce à quoi nous aspirons. Et la résistance, elle adore, elle se nourrit de notre procrastination. C’est un moyen pour elle de s’assurer que nous n’avançons pas, que nous restons au même stade (l’homéostasie).
Alors attention, procrastiner et se détendre sont deux choses différentes, ce n’est pas au même moment.
- Se détendre alors que nous devons créer (travailler) : c’est procrastiner.
- Se détendre après avoir créé (fait votre labeur) : c’est vous détendre.
La résistance et la rationalisation
Une seconde forme de la résistance est le rationalisme.
C’est une très bonne technique qui lui permet de nous empêcher de faire quelque chose de nouveau qui pourrait nous faire avancer. L’idée est de se chercher des excuses rationnelles à nos échecs, notre procrastination, ou de trouver une raisons de ne pas réaliser les idées que nous aurions etc.
Prenons un exemple
J’ai envie, et ce depuis des années de faire de la mécanique. Je me trouve des raisons rationnelles de ne pas le faire :
- 🚗 Il me faut un garage : Je n’en ai pas.
- 🎓 Il me faut une légitimité : Je suis pas mécano, je n’ai pas de formation.
- 💶 Je vais perdre de l’argent : Je vais faire plein de bêtises puisque je ne connais pas grand chose dans ce domaine et donc perdre du temps et de l’argent. Ah et potentiellement me retrouver à la rue, ce n’est pas souhaitable.
- ⌛️ J’ai pas le temps : Bah j’ai pas le temps quoi…
Ce sont toutes des excuses valables, et c’est ça qui est fort. On se trouve des excuses tout à fait rationnelles.
La question à se poser est : Est-ce que je vais m’accomplir, est-ce que je pourrais transmettre mes valeurs via la mécanique d’une meilleure manière que via mon métier actuel ? Est-ce que ce que je crée aujourd’hui à moins de sens pour moi que ce que je pourrais créer via la mécanique ?
Si oui, alors il faut combattre la résistance.
La résistance et la critique
La résistance peut venir des autres. Lorsque des personnes émettent des critiques qui ont pour objectif de simplement rabaisser, qu’ils vous critiquent sans raison, qu’ils sont intimement jaloux quand vous assumez qui vous êtes et donc essaient de vous transmettre leur résistance.
Si je critique les autres dans le but (conscient ou non) de les empêcher de s’accomplir, alors qu’ils osent lutter contre leur propre résistance, c’est un signe que je ne suis pas satisfait de ma situation
Photo by Arif Riyanto / Unsplash
L’auteur explique qu’il est difficile de voir les autres se réaliser, constater qu’ils construisent la meilleure version d’eux même alors que l’on ne s’accomplit pas soi-même. Souvent, la critique (gratuite) envers les autres est la manifestation extérieure de notre résistance. Celle-ci va malheureusement blesser les autres.
À contrario, la critique formulée pour aider l’autre (donc face à lui) permet de combattre sa résistance. Mais le combat contre la résistance fera l’objet d’un second article.
La résistance et le dramatisation
C’est aussi quand nous vivons 7/7j dans un drama.
Nous « subissons » les problèmes autour de nous (les vôtres ou ceux de nos proches), ils arrivent constamment et nous nous « devons » de les régler.
L’auteur qualifie cela « d’auto-dramatisation ». C’est une belle manière de “fuir” la réalisation de soi. C’est un phénomène qui est le plus souvent inconscient.
En philosophie cela pourrait s’apparenter aux “actes manqués” que nous avons dû tous voir en Philo’ au lycée. Nous avons tellement peur de devoir nous accomplir (à cause de la résistance) que l’on va chercher des problèmes à résoudre. L’idée est de fuir ce que l’on sait pertinemment être nécessaire à son accomplissement.
Un bon exemple de dramatisation : moi
Adolescent, je préférais déclarer que de toute manière, la gente féminine était trop superficielle et préférait les mauvais garçons plutôt que moi, qui était gentil garçon.
C’est un peu le phénomène de friendzoning pour ceux qui connaissent, une bonne dramatisation de sa vie.
Le problème ne venait ni des femmes, ni de la société injuste, mais bien de moi. Le pire dans ce processus, c’est qu’au fond, je savais pertinemment ce que je devais faire : mincir (oui j’étais un peu rond à cette époque) et me mettre au sport pour prendre confiance en moi. Cela me permettrait d’avancer, arrêter d’être jaloux des autres que je me plaisais à critiquer.
C’était la résistance qui me poussait à fuir la solution, car celle-ci était difficile à mettre en oeuvre (oui il faut faire des efforts :/), cela contredit l’homéostasie.
La résistance et la victimisation
C’est aussi lorsqu’on se met en position de victime constamment.
Quand on rappelle constamment aux autres et à soi-même que l’on est mauvais, maladroit, que la vie est contre nous, qu’on ne sera jamais bon . Nous cherchons indirectement à rejeter la faute sur un genre de « force » qui nous rend plus faible et incapable que les autres.
Photo by Greg Shield / Unsplash
Si vous le faites pas souvent, ça passe, on a le droit de se plaindre un peu de temps en temps ça fait du bien 🤝
En fait la *résistance, *c’est l’essence même de se trouver des raisons de ne PAS avancer (j’entends par là se réaliser professionnellement et personnellement).
La résistance et le doute
Ici, on est plutôt sur quelque chose de positif, la résistance nous fait douter de nous, mais le plus dangereux c’est quand elle nous convainc de ne pas nous remettre en question.
Lorsque je vois une personne qui ne se remet jamais en cause, pour qui, c’est toujours la faute des autres, preuve est qu’il y a un problème à régler en elle.
“Ce n’est pas ma faute ! C’est les autres, le monde, moi je suis dans le vrai.” (Alors évidemment c’est plus subtile que cela dans la réalité). Ce n’est pas dans le livre, mais une bonne manière de repérer cette mauvaise foi est la sur-utilisation du « oui, mais… » lorsque l’on pose ou oppose quelque chose à ces personnes.
Se remettre en cause et avoir l’impression d’être illégitime est bénéfique, c’est à ce moment que l’on peut réagir. Il faut, cependant, veiller à ne pas tomber dans la victimisation.
Par exemple, pour écrire cet article j’ai beaucoup douté. Je ne suis pas un blogueur, pas un écrivain, pas un journaliste, pas philosophe je n’ai pas de légitimité à parler de tout cela, je ne sais pas “bien” écrire.
L’auteur nous explique que cette pensée est comme une alerte qui vous dit “Si la résistance prend la forme du doute, c’est que c’est le bon chemin pour vous accomplir puisque la résistance veut vous empêcher d’avancer”
L’ultime émotion de la résistance : La peur
La résistance se nourrit de votre peur, votre peur d’avancer, de l’inconnu, de sortir de votre zone de confort.
L’auteur nous explique justement que c’est le plus palpable des indicateurs pour avancer dans votre accomplissement.
Photo by Pika Alyani / Unsplash Il donne l’exemple des meilleurs acteurs a qui lorsque l’on pose la question : “Qu’est ce qui fait que vous acceptez un rôle particulier ?”
La réponse est invariablement : “Parce que je l’appréhende, j’en ai peur”.
Plus vous ressentez la peur, plus il faut y aller. (attention je parle pas de se mettre en danger physique…)
Et c’est pareil dans mon métier.
Je sais que si j’ai peur d’une nouvelle technologie, une nouvelle technique ou un courant de design, que j’appréhende de ne pas être capable de le/la comprendre ou de l’utiliser alors, il faut absolument que je l’apprenne.
On combat la peur et l’inconnu par la connaissance
Alors la prochaine fois que vous avez peur de quelque chose, prenez un peu de recul. Peut-être que c’est justement là où vous devez aller.
Pour finir
J’ai voulu écrire cet article de base pour poser les enseignements et réflexions que l’on peut tirer du livre, cela n’a aucune valeur scientifique. Comme tout les modèles psychologiques, cela peut aider à prendre du recul sur soi et faire des choix plus en accord avec ce que l’on souhaite vivre.
Combattre la résistance
On peut la combattre cette résistance. L’auteur l’explique dans la seconde partie du livre. Je rédige en ce moment un article pour vous résumer tout cela sur ce point (si j’arrive à combattre la procrastination suffisamment rapidement :p), stay tuned.
Merci de m’avoir lu 🍪 !
Sources
Pour rappel le livre, que je conseille fortement, je ne fais pas honneur au style d’écriture et puis il manque beaucoup d’autres exemples de résistance.
- TheWarOfArt — Steven Pressfield