Arrêtons, si vous le voulez bien, de prétendre être “Expert en communication digitale” avec un “E”. Et même sans “E”, c’est simplement pas français lorsque l’on parle du numérique.
La neuvième édition du Dictionnaire de l’Académie française indique que le terme numérique doit lui être substitué, car l’adjectif digital n’a qu’un sens : « qui appartient aux doigts ». — Citation du Wiktionnaire sur “Digital”
C’est par bienveillance que j’entame cet article et pour nous aider à gagner en crédibilité pour notre profil numérique. Comme dans tout domaine, si l’on souhaite gagner en crédibilité il y’a deux choix :
- Faire comme si on avait de la crédibilité, dans ce cas on va forcément se faire griller à un moment ou un autre.
- Assimiler les us et coutumes d’un métier / d’un domaine et par conséquent être crédible par la connaissance.
*La seule véritable autorité acceptable découle de la connaissance et non du pouvoir. La connaissance engendre l’autorité, et l’autorité suscite le respect. **Si vous voulez du respect, cultivez le savoir. — *Un sage développeur
Alors maintenant je vous propose un exercice, prenons le avec du recul et mettons notre susceptibilité en position fœtale dans un coin de la pièce pendant quelques minutes. Baladons nous dans notre réseau Linkedin et à chaque fois que nous voyons des noms de postes ou des profils spécialistes du “digital” ou “digitale” nous allons imaginer que le sujet c’est bien les doigts ou les plantes. C’est très drôle franchement.
Aller on s’en fait quelques un ensemble pour le fun :
- Expert Communication Digitale (pour faire parler les plantes entre elles, la base)
- Solutionneur & facilitateur de transition Digital (pour passer d’un doigt à l’autre)
- Agence digitale (un lieu où on va trouver plein de doigts, c’est pas spécialement faux vous me direz, il faut des doigts pour coder)
- Expert en Stratégie Digitale (bon la c’est compliqué, la meilleure stratégie pour faire pousser des plantes ? Hum)
- C’est plutôt infini (et drôle. Aller. Si)
Je suis mauvaise langue, mais pas tant, puisque ces profils s’attribuent de l’expertise dans un domaine dont ils ne maîtrisent pas les codes (ni même le nom). Cela devrait directement lever une alerte dans votre tête : “Mais comment on peut être bon en communication quand on ne connaît pas le sens des mots que l’on utilise ?”
“Eh oh, Anthony, tu donnes des leçons mais dans ton article tu utilises beaucoup de mots dont tu ne maitrise pas le sens, alors pouet pouet emmental ! 🧀” (j’ai pas l’emoji camembert)
Et vous avez raison. Je suis nul en communication et tant mieux, je ne me revendique pas expert dans ce domaine. Je vous parle ici en tant que personne souvent sollicité sur Linkedin ou IRL (In Real Life), par des experts en “digital” et on se doit de filtrer. Ceci explique cela et explique le ras le bol, d’où l’article. CQFD
Je divague mais on se doute que nous parlons bien du “Digital” le terme anglais qui signifie “Numérique”. Aujourd’hui tout le monde ou presque se revendique comme faisant du “Digital” c’est hype. C’est précisément pourquoi il est nécessaire de se démarquer par la connaissance de son domaine. Sinon nous risquons de passer tout simplement pour des ringards (ou des paysagistes ?) et j’ose imaginer que personne ne veut ça.
Dans le monde du développement logiciel (du numérique plus généralement), il est indispensable de se tenir à jour des nouveautés et changements. Se remettre en question est naturel pour les personnes de la tech qui y travaillent vraiment. Alors pour s’y retrouver, notamment en programmation, le vocabulaire est clé pour se faire comprendre sans ambiguïté. C’est un métier qui vit de réflexions, de pensées et de points de vues différents le tout ayant pour base la logique et les mathématiques, c’est implacable.
Pour faire simple, le gap entre une entreprise d’informatique qui fonctionne et une entreprise qui ne fonctionne pas tient bien souvent de l’approximation de compréhension des mots qui ont été utilisés durant le(s) projet(s) (et à la chance aussi)
Tout ça pour expliquer que le sens des mots a une importance, plus j’avance dans la vie plus je me rends compte que je parle assez mal à l’oral, en exprimant mes idées et mes intentions et cela me dessert.
On pourrait aussi se dire** “Olala c’est juste les réflexions d’un mec qui est super à cheval sur les mots, c’est un cas isolé”**, en fait c’est ce que je me disais aussi. Je suis aussi formateur. Récemment et pour la première fois depuis que je donne des cours, j’ai entendu des étudiants se moquer gentiment (ou pas) de ce problème de terme “Digitale” sur des profils de formateurs ou d’entreprises. Cela donne une image bien ringarde aux entreprises qui ne savent pas communiquer sur le terrain où elles veulent justement attirer des jeunes talents.
Pour faire simple ne soyez pas surpris que les meilleurs profils de candidat (technique ou communication) boudent votre entreprise si vous ne maitrisez pas les codes du numérique et d’internet en général.
Pour un tech de bon niveau c’est carrément un signal explicite pour “Cette entreprise ou ce profil ne sait pas de quoi il parle” alors que c’est peut-être faux, mais vous connaissez l’impact de la première impression.
Pour terminer, **nous ne sommes ni notre profil ou notre nom de poste. **C’est simplement l’occasion d’affiner notre image numérique pour qu’elle corresponde encore mieux à ce que nous voulons faire passer comme message.
(Challenge réussi de pas parler du Covid dans cet article, oh wait)
Bon confinement à tous !